César à la Fondation Cartier

La Fondation Cartier, vous connaissez ? Jusqu’à mardi dernier je n’avais jamais mis les pieds dans cet immense bâtiment de verre et de poutrelles d’acier situé dans le 14ème arrondissement, à Paris, sur le boulevard Raspail.

Depuis juillet je passais devant la façade de verre de la fondation dédié à l’art contemporain, au travers de laquelle il est possible d’admirer certaines œuvres et, en arrivant à la hauteur de l’affiche annonçant l’exposition sur l’un des plus grands sculpteurs français, César, je croisais le regard sombre et autoritaire de l’artiste (en photo, bien sûr) qui semblait me dire : « Alors ? t’es pas encore venu voir mes œuvres ? T’attends quoi ? Que l’expo soit passée ?« . Et moi, en baissant les yeux je lui répondais : « Euh, là, euh, j’ai pas le temps…« . Et c’était vrai, l’expo me tentait mais ce n’était jamais le bon moment…jusqu’à ce mardi.

Ben ? Pourquoi mardi ? Ben, oui tiens. Pourquoi mardi ? Ben, parce que mardi…c’est nocturne !!! Enfin nocturne, disons qu’il est possible de visiter jusqu’à 22 heures. Alors, autant y aller la nuit tombée pour profiter au maximum de l’ambiance particulière d’une visite…bah…nocturne !

En plus, pas d’entraînement ce soir là car c’était mon jour de repos et puis j’avais besoin de me changer les idées après une journée de classe bien crevante.

Le site internet de la Fondation présente cette « exposition majeure » comme un hommage, un témoignage de l’amitié qui lie la Fondation et l’architecte de ce lieu dédié à l’art contemporain, Jean Nouvel, à l’artiste décédé il y a tout juste dix ans. Jean Nouvel, qui fut également l’ami du sculpteur a donc organisé cette exposition en quatre parties : les Empreintes humaines, les Fers, avec le bestiaire imaginaire, les Expansions et les fameuses Compressions. Je dois dire que cette présentation de cette « anthologie » m’avait mis en appétit.

Arrivé sur place, je m’acquitte des 6 euros 50 pour l’entrée et je pénètre dans le hall parfaitement éclairé et là, l’œil de votre bloggeur préféré est immédiatement attiré à droite par les célèbres Empreintes humaines : des agrandissements de parties de l’anatomie humaine, des parties à lui, à savoir : des pouces, des mains et des seins (des seins? Les siens?). Sur chacune des sculptures, tout est scrupuleusement représenté : les plis, les pores, les poils. Ce qui saute surtout aux yeux, c’est la sur-représentation du pouce. Pourquoi le pouce ? Dans la petite documentation qui est laissée en libre-service à l’entrée, j’ai découvert que César était amusé par l’idée du pouce de César (pas lui, l’autre, l’empereur romain) qui levait ou baissait le pouce pour indiquer le sort réservé au gladiateur vaincu. Bon, en cette période de crise financière, on peut dire que le majeur est plus approprié que le pouce, mais bon…

Donc, des pouces, on en trouve des petits, des moyens, des grands (2,50 mètres) et des géants (6 mètres), des translucides, des oranges, des argentés, des dorés, des noirs, tous nervurés par les plis de peau ou les empreintes digitales et surtout dressés comme des « i ». Autour des sculptures, la présence de femmes m’a, au bout d’un moment, donné l’impression de me trouver dans une soirée Tupperware, mais version sex toys !

Est-il nécessaire d’exposer une quinzaine ou une vingtaine de pouces dressés, de différentes tailles, de différentes couleurs ou de différents matériaux ? J’ai l’impression aussi de me trouver dans la boutique d’un marchand de souvenirs avec ses Tours Eiffel ou ses tours de Pise. Finalement, l’ensemble présente guère d’intérêt et autant vous dire qu’au bout de dix petites minutes, j’ai commencé à…me tourner les pouces (OH!OH!OH!OH!OH!).

Je passe à gauche de l’entrée, et à côté du comptoir d’accueil, dans une caisse, oui une caisse, même pas éclairée, se trouve le Bestiaire imaginaire de l’artiste initié en 1949. Les trouvailles, l’imagination débordante du plasticien pour représenter d’horribles bébettes comme Le moustique, Le scorpion ou La punaise à l’aide de boulons, de morceaux de tôle, de tiges de fer et autre objets de récup’ m’amusent, mais que foutent ces sculptures dans ces niches en sapin ? C’est ça l’hommage à ce grand monsieur ?!

La salle de gauche rassemble les Expansions. Je ne connaissais pas ces œuvres de mousse de polyuréthane, recouvertes de laques acryliques ou de fonte de fer, réalisées pour la plupart dans la seconde moitié des années 60. La forme molle du plastique expansé fascinait César. D’ailleurs, qui ne s’est jamais amusé à jouer avec la texture épaisse d’une peinture monocouche, du chocolat fondu ou du lait concentré sucré, en formant des plis qui se superposent ou des colimaçons ? L’artiste intervient sur la coulure en dirigeant le flot de plastique expansé sur le plan horizontal et le plan vertical. Il domestique le mouvement, fait varier l’épaisseur et la rigidité des coulures en modifiant le temps de solidification. Au final, nous avons l’impression que le temps s’est arrêté pour nous permettre d’apprécier les capacités d’expression d’un matériau industriel.

Là, j’ai un peu regretté d’avoir attendu la nuit tombée pour visiter cette exposition parce qu’une partie des œuvres exposées se trouvait dans le jardin de la fondation et dehors il faisait froid et il pleuvait et de l’intérieur, avec le reflet des éclairages sur les baies vitrées, ben on voyait pas grand chose.

Bon, on va voir les célèbres Compressions ? Pour ça, il faut descendre au sous-sol. Une fois descendu, on arrive dans un hall peint en blanc, avec au centre, la suite milanaise, un alignement de pavés de voitures compressées, recouverts d’une peinture métallisée.

Depuis sa rencontre avec la Big Squeeze en 1960, cette presse hydraulique utilisée pour le compactage calibré des automobiles, le sculpteur ne cessera de jalonner son parcours créatif avec ses totems de tôles écrasées jusqu’à sa mort.

Hormis quelques sculptures, toutes datent de 1998. C’est un peu une version compressée du salon de l’auto 1998. Sur les murs sont accrochés, tels des toiles de maître, des galettes rectangulaires de tôle et de plastique qui étaient dans une vie antérieure de simples automobiles. Des Citroën noires pour la plupart. Et là, le souvenir d’une compression d’une Mercedes noire de 1997 me vint à l’esprit. Tiens, oui, elle est exposée celle-là ? Je l’ai cherché avant de me rappeler qu’il s’agissait de la voiture de Lady Di. Ooouuuhh !!! Oui, vous pouvez le faire en pointant le pouce vers le bas. Ben tiens, encore cette histoire de pouce…

À côté d’une des rares compressions « vintage », un écran diffuse en boucle un document d’époque, en noir et blanc, très amusant, où l’on voit l’artiste (sans barbe encore, juste la moustache) faire son marché dans une casse auto et s’émerveiller, tel un gamin, pour le moindre morceau de ferraille qui serait insignifiant à nos yeux ou pour la machine chargé de collecter les métaux.

Voilà, il est 21h30, l’heure de rentrer dans le froid et sous la pluie. Je croise une dernière fois le regard du sculpteur sur l’affiche qui semble me demander : « Alors ? T’en penses quoi ?« . « bah…ils ont oublié de mettre des commentaires explicatifs à côté de tes œuvres. Et puis, beaucoup ne sont pas suffisamment mises en scène. Pour une expo majeure, tu méritais mieux…« .

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