La nuit des musées : édition 2009

Et de 100 !

100 articles. Cela représente autant de litres de café ingurgités, de paquets de cookies et autres carrés de chocolat avalés. Mais je me le suis juré, j’arrêterai ces petits excès lorsque j’aurai atteint mon 100ème commentaire. Comme ça, ça me laisse encore une sacrée marge…

Pour ce centième article, la Nuit des musées qui a eu lieu samedi dernier, tombait à point nommé et en matière de sujet, il y avait l’emb-Art-ras du choix. La Triennale sur l’Art contemporain français, qui se tient jusqu’au 1er juin dans la Nef du Grand Palais, me semblait plus approprié en particulier à cause de son titre : La Force de l’Art.

Bon ok, l’association « Force athlétique-force artistique » était facile, mais l’autre grande raison c’est que les photos sont autorisées.

Entrer dans la Nef, c’est comme pénétrer dans une cathédrale : on se sent tout petit dans ce vaste espace et notre regard est très vite attiré par la verrière qui se trouve au-dessus de notre tête.

Mais pour cette nuit, l’immense voûte de verre et d’acier avait plutôt des allures de soucoupe volante, sortie tout droit de Rencontre du troisième type avec ses lumières rouges qui clignotaient et ses halogènes qui déversaient sa puissante lumière sur La Géologie blanche, une plate-forme organisées en différents espaces, installée pour l’occasion au centre de la Nef.
.

Une charmante médiatrice culturelle me tend des docs pour faciliter la visite… Merci Mademoiselle… Allons voir de plus près ce que les extraterrestres ont bien pu déposer dans ce bas monde…

Première œuvre : une collection de photographies de Jean Baptiste Ganne représentant des scènes de la vie quotidienne, au bureau, dans les transports, des prises de vue diverses sensées renvoyer à un chapitre, un passage du Capital illustré de Karl Marx. Désolé, mais les titres comme « La théorie de la compensation » ou « Conception erronée de la reproduction élargie dans l’économie politique » (???) ne me disent rien et ne me permettent pas d’apprécier le choix des différents clichés. Je ne suis certainement pas le seul à ne pas avoir lu Le Capital illustré. Pas sélectif du tout ce Jean Baptiste Ganne…

En vrac, d’autres œuvres plus accessibles, enfin presque : une immense boule chromée gonflable, de Bruno Peinado, qui « respire », et dans laquelle on se voit dedans… mais qui fait référence à une chanson d’Einstürzende Neubauten. Accessible ? … Merde ! Il aurait pu choisir un artiste ou un groupe allemand plus populaire : j’sais pas moi, Nina Hagen, Kraftwerk, Scorpions, Rammstein ou Tokyo Hotel. Euh, non, pas Tokio Hotel !

En tous cas, je commence à me reprocher de n’avoir ni lu Le capital illustré, ni écouté un seul morceau d’Einstürzende Neubauten. Ça commence bien : sympa l’expo qui souhaite accueillir tous les publics et qui risque de filer des complexes à 95% de ses visiteurs…

Pour La Force de l’Art, des médiateurs culturels, habillés tout en noir, ont été recrutés afin de guider le public dans la compréhension des œuvres. Beaucoup sont sollicités mais je préfère prêter une oreille attentive aux explications de temps à autres plutôt que de les solliciter au risque de rater le reste de l’expo et de vivre un cauchemar du genre : « Vraiment ? Vous n’avez jamais entendu parler d’Einstürzende Neubauten ? OHOHOHOHOH! Mesdames, Messieurs !!! Monsieur n’a jamais écouté Einstürzende Neubauten !!! » et tout le hall qui se bidonne de rire en me pointant du doigt : « AHAHAHohohohoHIHIHIAHAHA!!! ». Bon depuis, je suis allé sur Wikipedia et sur YouTube (morceau le plus accessible pour les non-initiés) et je connais maintenant Einstürzende Neubauten. On en découvre des choses dans les expos d’Art contemporain…

Bon, après nous avons un épouvantail échappé d’une toile d’Arcimboldo…

Une Renault 5 un peu spéciale, que je n’ai pas réussi à photographier entièrement, malgré de nombreuses tentatives au cours de la soirée, à cause du monde qui « stationnait » devant…

Une balançoire, comment dire ?… destinée aux dames…

Une canne et une béquille, destinées aux Messieurs…

Une salle elliptique dont la paroi semble vous observer avec sa multitude de portraits d’inconnus qui vous fixent du regard. On ne sait plus qui regarde qui. Il s’agit de Exhibition, une œuvre déstabilisante d’Olivier Bardin.

Un peu plus loin, les Agitateurs de Philippe Mayaux, brandissent des pancartes revendicatives. On peut ainsi lire : « Faites de l’essence avec nos morts » ou « Allez vous faire encadrer »…

Le triomphe de la neige du Gentil garçon (c’est le nom de l’artiste) est une structure cubique dont les parois ont été ajourées d’une multitude de découpes en forme de cristaux de glace. Les flocons ainsi réalisés ont été assemblés entre eux à l’intérieur du polygone pour former un igloo habité par un bonhomme de neige. Vu de l’intérieur, l’effet est plutôt réussi avec le jeu d’ombres et de lumières sur les cristaux enchevêtrés, causé par l’éclairage qui émane des faces perforées.

Ambiance différente avec la sculpture suspendue d’Anita Molinero, réalisée à partir de poubelles brûlées, déformées, déchiquetées, boursouflées de parts et d’autres. On trouve presque les mêmes dans certains quartiers d’Argenteuil…

C’est samedi soir, ambiance discothèque avec ce container taggé, aménagé en mini musée d’où s’échappent les basses d’une sono. En fait, il s’agit d’une représentation du cerveau de l’artiste, Fabien Verschaere. Mais moi, je vois surtout l’entrée d’un Sound system et le public participe à l’illusion sans s’en rendre compte, en s’agglutinant à l’entrée gardée par un surveillant qui devient involontairement physionomiste.

Une des œuvres les plus spectaculaires de cette manifestation, réalisée par les jeunes artistes Giraud et Siboni à partir d’un simulateur de vol. On est très rapidement fasciné par la force qui se dégage de cet énorme cube noir monté sur des pistons qui s’agite furieusement dans tous les sens en émettant des sons proches du cri du gorille.

Et puis on y trouve aussi la réplique en taille réelle de trois énormes griffures laissées par un ptérosaure le long d’une falaise du massif centrale reproduites sur un support plus moderne; une bibliothèque qui ne propose que des ouvrages complètement obsolètes, dépassés; des troncs de palmiers moulés en résine, sertis, à chaque extrémités, de bagues en acier; ou encore l’œuvre la plus poignante de cette expo, si on s’arrête un moment sur ses références, intitulée La chambre de Schulz : une chambre d’enfant en ruine, décorée avec les éléments d’une fresque dessinée par Bruno Schulz, un écrivain et dessinateur juif, pour un haut gradé nazi en échange de sa protection dans un ghetto ukrainien. Mais l’artiste qui avait réalisé cette œuvre pour décorer la chambre du fils du militaire mourra assassiné par vengeance en 1942 par un membre de la gestapo. Cette pseudo-ruine, qui rappelle les horreurs de la seconde guerre mondiale, est l’œuvre de Stéphane Calais.

Il y a beaucoup de choses à voir, à lire, à écouter, à analyser jusqu’à ce que, dans les hauts-parleurs du hall, une voix nous invite à nous rapprocher des portes de sortie car l’expo ferme ses portes. Quoi ? déjà ?! La vache ! Il est déjà, seulement plutôt, 23h45 !!! Et il me reste encore un tiers de l’expo à visiter. Ils auraient pu prolonger l’événement jusqu’à 1h00, vu le temps que l’on passe à chercher des indices pour comprendre et apprécier les intentions des artistes.

De cette visite, en plus d’Einstürzende Neubauten, je retiendrai l’installation Le Miracle familier, qui s’inspire du scandale qui éclata en 1910 lors du Salon des Indépendants avec la toile abstraite « Coucher de soleil sur l’Adriatique » qui se révélera être l’œuvre d’Aliboron, un âne. Tous ceux qui s’étaient enthousiasmés pour le tableau se sentirent bien « bêtes ».

Presque 100 ans plus tard, il ne serait pas impossible qu’un tel scandale se reproduise dans ce type de manifestation…

2 Comments

  1. quel plaisir de lire tes ecrits!je te remercie pour ces lignes …mêlées de technique et d’humour.
    bonne préparation pour la finale du 13 juin; ne lâche rien…..jamais!
    mariane bouvard de l’ASPOM

  2. Je suis très heureux que tu te sois arrêtée sur mon blog et que tu aies apprécié ma modeste prose. Connaissant ton palmarès et tes perfs, je suis touché par tes encouragements.
    Je te souhaite également une bonne préparation et espère te voir à Villeneuve en très grande forme (à moins que tu sois à Melun pour le couché endurance).
    P.S.: c’est cool, ton commentaire va contribuer un peu plus à mon sevrage « cookies-tablettes de chocolat ». 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>