À suivre ?

« Corsetée dans sa combinaison bleue par son épaisse ceinture de cuir, Julie fait face à son adversaire de 130 kilos…

Silence…

C’est son troisième et dernier essai et à cet instant, une idée, une seule, l’obsède : descendre suffisamment pour éviter les trois lumières rouges qui lui vaudront son élimination.

Elle s’est entraînée si durement pour ce Championnat alors, cette barre, elle peut la faire… elle DOIT la faire. D’ailleurs, son père, Jérôme, ancien compétiteur, devenu son coach par la force des choses, le sait pour l’avoir vue tripler cette charge à son dernier entraînement.

Une barre qu’il avait jugée « facile » pour cette demoiselle d’à peine 54 kilos et qui vient juste de souffler ses 20 bougies. Une barre facile… Il le lui rappelle pour l’encourager. Ce n’est pas le père qui parle, mais l’entraîneur; SON entraîneur.

Le message est visiblement reçu. Déterminée, elle agrippe fermement la barre pour se glisser sous la bête qui fait deux fois et demi son poids. Elle se cale de façon à ce que l’essieu d’acier vienne se blottir contre la partie médiane de ses trapèzes. Satisfaite, elle décroche pour la dernière fois les 130 kilos des supports et recule en suivant des yeux chacun de ses pas dont la lourdeur pachidermique contraste avec sa grâce habituelle. Est-ce une erreur des chargeurs ou bien la fatigue, mais la barre paraît plus lourde. Elle vacille un bref instant puis finit par se stabiliser. Elle relève la tête pour avertir le chef de plateau qu’elle est prête à recevoir le signal… PARTEZ !

… Silence …

La jeune femme prend une profonde inspiration, pince les lèvres pour emprisonner l’air dans ses poumons et amorce la descente. Ses mains délicates, fardées par la magnésie, se resserrent tels deux étaux sur le joug horriblement pesant. Au fur et à mesure qu’elle se baisse, les bandes qui enveloppent ses genoux agissent comme de véritables garrots. Elle fléchit les jambes avec de plus en plus d’hésitation. Est-ce assez ? Son corps tout entier commence à ployer sous le pied de Goliath qui semble décidé à l’écraser pour de bon. Est-ce assez ? … Encore un peu ?

…Assez !

Julie se dit que le moment de se battre est enfin venu… »

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