Souvent, pour expliquer mon sport dans ses grandes lignes à des personnes totalement étrangères à la Force athlétique, cela donne à peu près ça : « Ben, la Force athlétique, c’est un dérivé de l’haltérophilie, sauf qu’il y a trois mouvements : le squat, le développé couché et le soulevé de terre. »
Généralement, le « Ah ouais » qui accompagne l’air décontenancé de mon interlocuteur ou, milieu scolaire oblige, de mon interlocutrice me pousse à donner quelques informations supplémentaires : d’abord expliquer ce qu’est l’haltérophilie (parce qu’il y en a qui confondent avec le bodybuilding, vous voyez le niveau…), puis retour sur la F.A. : « Alors, le squat : ben, tu places la barre sur les trapèzes, tu la retires des supports, tu descends et ensuite tu te relèves en poussant de toutes tes forces. Le développé couché : Ben pareil, tu t’allonges, tu saisis la barre, tu la descends et tu la remontes. Même chose pour le soulevé de terre, tu lèves la barre du sol jusqu’à la position debout et tu la reposes. C’est un sport de bourrins, c’est pas compliqué ! » Non, j’déconne, la dernière phrase, je ne la dis pas. Bon, j’explique ensuite les trois essais pour les trois mouvements, le total des trois etc., etc.
Expliquée comme ça, la Force athlétique, ça a l’air très facile où seule la force compte. Mais si vous croyez que c’est si simple que ça, détrompez-vous. D’ailleurs, on définit souvent les mouvements de Force athlétique comme plus basiques, moins techniques que l’haltérophilie. C’est vrai. Du moins, en partie.
Que se passe-t-il lorsqu’un débutant qui n’a jamais touché une barre de sa vie, se retrouve pour la première fois sur un banc de couché ou dans une cage à squat ? Souvent, il contrôle mal la trajectoire de la barre, il la stabilise difficilement, même avec une charge légère. Dans le cas du squat, le manque de souplesse au niveau des chevilles et des hanches est gênant pour garder le dos droit et ne permet pas de descendre trop bas au risque de perdre l’équilibre. Il y a tout l’aspect technique, le bon geste à travailler.
Maintenant qu’il a acquis la bonne technique, qu’il a passé des années et des années s’entraîner, il se retrouve en compétition. Sur le banc de couché, la barre est chargée à 150 kilos, sans maillot spécial bien sûr. Il est concentré, déterminé à battre son record. Il se place correctement sur le banc, il agrippe l’essieu d’acier très consciencieusement, cale bien ses pieds. Moment de silence…Concentration…Il prend une profonde inspiration, sort la barre des supports et c’est parti : il amorce la descente en veillant à ne pas la faire rebondir sur la poitrine au risque de voir son essai invalidé. Sur la poitrine, il marque un temps d’arrêt puis commence la remontée. C’est dur, très dur. On l’encourage. il redouble d’efforts, serre les dents, plisse les yeux. La barre monte et ça y est, il l’a fait ! Il est fier de lui ! 150 kilos !!! Et là, les juges ne lui accordent pas la barre. Hein ?! Quoi ?! C’EST QUOI CE BORDEL ???!!!
Pourtant, il a fait attention à tout : pas de rebond, le temps d’arrêt en bas. Oui, sauf qu’il a oublié, grisé par sa réussite, d’attendre le fameux « Rack » : le signal pour reposer la barre sur les supports. Un autre juge lui annonce qu’il a bougé son pied gauche !!!
Quand je vous dit que ce n’est pas aussi simple …
Voici un aperçu de ce à quoi il faut penser quand on est en compétition (certains points sont valables aussi à l’entraînement) :
Ce n’est pas évident de pousser ou tirer une très lourde charge, en contrôlant en même temps tous ces points. C’est comme faire passer un énorme meuble dans un escalier en colimaçon au cours d’un déménagement tout en faisant attention à la marche, éviter d’abîmer le côté droit ou gauche contre la rampe et veiller à ne pas laisser de traces sur le plafond. Le Powerlifting, en compétition, demande de la force, de la technique bien sûr, mais également beaucoup de concentration et un minimum de sang-froid.