Confusion des genres

Mon blog, c’est le prolongement virtuel de ma pratique de la Force athlétique, appelé aussi Powerlifting; sport ignoré des grands médias et par conséquent, du grand public. Et quand on en parle dans la presse locale, on l’assimile généralement à l’haltérophilie

Baaaahhhh, haltérophilie, Force athlétique… Quelle différence ? Une barre, des poids, des bagues de serrage, un plateau, un bac de magnésie; c’est kif kif !

Remarquez, le tennis et le badmington aussi : un terrain, un filet, des raquettes…

Comment ?

Le tennis se joue avec une balle et le badmington, avec un volant ? L’un se joue en général à l’extérieur, l’autre en intérieur ? Et les raquettes sont différentes ?

Oui, mais dans les deux disciplines, les joueurs se renvoient un projectile par dessus un filet à l’aide de raquettes !

Je sais, je sais, la comparaison est grossière, très grossière… Mais elle l’est tout autant pour l’haltérophilie et la Force athlétique.

Sachez tout d’abord que l’haltérophilie est présente aux Jeux Olympiques modernes depuis plus d’un siècle. La Force, non. En revanche, cette dernière est une discipline des Jeux mondiaux, sorte d’antichambre des J.O., qui se déroulent aussi tous les quatre ans.

Vous doutez encore des différences entre ces deux sports de force ? Alors parlons maintenant du matériel :

la barre, pardon, LES barres : Une barre de Force, avec ses 29 mm de diamètre, est conçue pour supporter des charges très lourdes : décollée du sol ou de ses supports, chargée à 250 kilos, la tige en acier présente une courbure minime. A ce même poids, une barre d’haltéro, avec ses 28 mm, plie davantage. Faites un squat avec une barre d’haltéro, puis avec une autre prévue pour la Force; vous verrez la différence. Tentez un épaulé jeté avec une barre de Force… ouille ouille ouille les articulations… Encore une chose, savez-vous qu’en haltérophilie, les barres diffèrent entre les hommes et les femmes ? En Force, non.

– les poids : en acier pour la Force; recouverts de caoutchouc et donc plus épais pour l’haltéro. Mais pourquoi donc, me direz vous ? Parce que dans la discipline Olympique, les poids levés au-dessus de la tête tombent au sol; le caoutchouc sert d’amortisseur. En Powerlifting, du fait que les charges sont plus importantes que dans l’autre sport de force, les poids en caoutchouc ne tiendraient pas tous sur les manchons situées aux extrémitées. Les disques d’acier moins larges, car plus denses, permettent de gagner de la place sur la barre, tout simplement.

– l’équipement : l’haltérophile est vétu d’un singlet, de chaussures avec des talonettes en bois et d’une ceinture. Le Powerlifter des fédérations officielles nationales et internationales ne peut utiliser les singlets avec fermeture éclair des haltérophiles. Il utilise les mêmes chaussures mais les combinaisons sont nettement plus rigides pour le squat et le soulevé de terre; une ceinture plus large et plus rigide que sa cousine des deux mouvements olympiques; des bandes de genoux; des bandes de poignets et un maillot de force pour le couché. Tout cet équipement est homologué par l’IPF, la Fédaration Internationale de Powerlifting. Je ne reviendrai pas sur l’éternel débat Raw/ équipé, j’aime les deux; les choses ne dépendant pas de moi, ce serait pisser dans un violon, ou… dans un bac de magnésie.

– les mouvements : Ben, bien sûr, les mouvements ! Arraché et épaulé-jeté pour l’un; Squat, Développé couché et Soulevé de terre pour l’autre. Dois-je faire un dessin ? Faut-il que j’explique aussi la prise crochetée des haltéros, la prise inversée ou la position sumo, spécifique au Soulevé de terre ? De plus, l’haltérophilie est un sport de force en dynamique qui allie force, vitesse, souplesse, équilibre alors que l’effort du Force athlétiste est statique; la position des mains sur la barre et les appuis au sol ne changent pas.

– le déroulement des compétitions : pour chaque mouvement, en haltérophilie, l’ordre de passage des athlètes est défini suivant la progression de la charge, des barres les plus légères aux plus lourdes. Au cours de cette unique progression à l’arraché puis à l’épaulé-jeté, les trois essais sont réalisés. En Force athlétique, c’est différent : chaque mouvement est organisé en trois manches : les athlètes d’un même plateau réalisent leur premier essai en suivant le chargement progressif de la barre; puis celle-ci est déchargée pour la seconde manche au cours de laquelle les mêmes athlètes effectuent leur deuxième essai. Enfin, la barre est allégée une dernière fois pour le dernier passage. Le temps de repos entre deux barres, plus long en Force, favorise la récupération.

Je pourrais parler de l’entraînement, bien sûr, qui diffère également, de leur histoire respective ou de l’ambiance de certaines compétitions. Mais au-delà de toutes ces différences, alors que le tennis et le badmington ont chacun leur ligue, Force et haltéro évoluent en France dans la même fédé.

Même fédé, oui. Bon; ça pourrait être pire… je ne sais pas… un même Championnat de France pour l’haltéro et la Force…

Comment ?

C’est ce qui est prévu pour les trois prochaines années ? Hi hi ! Ho ho! Ahahh…

Eeuuhh ? Attendez… Le journaliste du petit journal local ou le spectateur lambda ne va pas les voir, lui, toutes les différences que je me suis évertué à inventorier; déjà qu’ils ignorent ce qu’est un arraché ou un épaulé-jeté, pourtant mouvements olympiques. Alors savoir et retenir que tel ou tel mouvement appartient à telle ou telle discipline, je n’ose imaginer…

Une des dernières idées de génie en date était le mode de sélection pour le Championnat de France de développé couché seul. 10 athlètes par catégorie de sexe, de poids et d’âge. Pas un de plus. Vu le résultat de cette finale… hum ! voyez ici, c’était couru d’avance…

Alors, que penser de cette nouvelle idée ?

La FA a le vent en poupe, contrairement à l’haltérophilie… Quand on voit le succès des derniers Championnats de FA du point de vue organisation, du nombre croissant d’athlètes au cours de ces cinq dernières années (feuilles de match à l’appui), de la diffusion en direct par le net, le retour sur les différents sites spécialisés, sans parler de la reconnaissance de la FA comme sport de haut niveau, une « petite » inquiétude en raison de cette confusion des genres et sur les motivations réelles à réunir les deux disciplines dans un même Championnat est peut-être légitime, non ?

Wait and see…

3 Comments

  1. Il suffit que les gens de la FAC change de Fédé pour montrer leur mécontentement et basta….
    car la ca devient ridicule tous ces changements

    • Oui, l’idée est simple et certainement efficace; les gens devraient en faire autant avec les banques ou les opérateurs de téléphonie mobile qui tirent d’intéressants bénéfices pour la moindre opération ou sms/mms… Pourtant, ils ne le font pas car il s’agit d’un acte qui doit être collectif pour réussir. Il en va de même pour les gens de la FAC, moi inclus. Sont-ils prêts aussi à abandonner la seule fédé reconnue par le Ministère de la Jeunesse et des Sports, qui rassemble le plus grand nombre de forces athlétistes en France, pour se disperser dans les fédés/associations non reconnues et plus petites ?

  2. Merci pour cette explication très complète. On aurait pu parler également des épreuves d’hommes forts qui sont encore totalement différentes de la force athétique ou de l’haltérophilie.

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