De retour d’Islande …

Sublime, fantastique, magnifique, … Y-a-t-il un adjectif assez fort pour caractériser cette île 6,5 fois plus petite que la France mais qui donne une impression d’immensité de par l’étendue de ses champs de lave, ses volcans, ses cascades, ses glaciers et aussi la quasi absence de population en dehors des grandes villes ? Je n’en trouve pas. Et pourtant, je n’ai vu que le Sud de l’île.

La préparation de ce séjour s’est faite en quelques jours, juste le temps de recueillir suffisamment d’informations sur la géographie, le climat, les moyens de transport, les sites à voir, les moyens d’hébergement et anticiper les obstacles que nous pourrions rencontrer une fois sur place qu’ils soient d’ordre matériel, financier ou de temps.

Et nous voilà embarqués, mes amis Christophe, Christopher et moi, dans l’avion qui nous emmène vers l’île de glace et de feu.

island map

Nous avons quitté la France le dimanche 27 juillet avec une température estivale pour arriver trois heures plus tard, à 2h30 du matin, à l’aéroport de Keflavik. Un coup d’œil par le hublot : il pleut, il y a du vent et l’afficheur de température signale … 11 degrés !!!

Petite nuit à l’aéroport en attendant que les stands de location de véhicules ouvrent afin de faire le comparatif du rapport liberté de déplacement/coût entre la voiture, le 4X4 et le bus. Finalement, le choix de la voiture s’avère plus judicieux.

  • lundi 28 juillet 2008 : Le ciel est nuageux mais l’air est pur. C’est toujours agréable de respirer l’air du grand large et le plus drôle, c’est que l’on se croirait en plein mois de novembre.
    Nous quittons Keflavik, qui se trouve à une petite cinquantaine de kilomètres de Reykjavik, la capitale, pour nous éloigner de la civilisation. Nous envisageons d’abord de visiter ce que l’on appelle le Golden Circle, une zone touristique où sont regroupés les sites incontournables de Thingvellir, Geysir et Gullfoss, puis de sillonner le sud de l’île.

    Hors de la ville, des déserts de lave noire recouverte de lichen s’étendent à perte de vue. Pour vous donner un aperçu, imaginez-vous perdus dans le Mordor, le royaume de Sauron, dans Le seigneur des anneaux, au milieu de la brume. Vous voyez maintenant ?

    Après quelques kilomètres, nous arrivons au Blue lagoon où nous décidons de faire une petite halte.
    Le Blue lagoon est une célèbre station thermale, avec clinique et restaurant, construite au bord d’un lac artificiel alimenté par l’eau d’une centrale électrique voisine qui chauffe les villes de Reykjavik et de Grindavik. L’eau est d’abord extraite sous pression, chauffée à 240°C par l’activité volcanique, puis distribuée à 30 ou 40°C par la centrale.
    En sortant de la voiture, nous remarquons immédiatement des relents d’œufs pourris.

    L’eau, naturellement riche en silice, en sels minéraux et en algues vertes est mondialement connue pour ses vertus curatives contre l’eczéma ou le psoriasis. Les algues vertes donnent à cette eau une couleur, voire une luminosité, bleue-turquoise laiteuse.

    Il est vrai qu’une fois sur place, l’idée de se baigner est très tentante mais, vu le climat, je n’ai pas pensé à prendre mon maillot de bain. Tant pis, ce sera pour une prochaine fois.

    Nous reprenons la route pour nous enfoncer davantage dans les plaines désertes islandaises. Nous quittons également les routes goudronnées pour des routes non bitumées et caillouteuses qui nous obligent à rouler à 20 ou 30 km/h.

    Le paysage qui nous est offert est complètement fantastique. On s’attend presque à voir surgir des trolls ou des elfes de derrière les amas de pierre formés par les visiteurs.

    Puis nous arrivons à Thingvellir (ou Þingvellir), un parc national situé sur la divergence des plaques tectoniques américaines et européennes et qui est aussi un haut lieu de l’histoire islandaise car c’est ici, dans la gorge façonnée par le mouvement des plaques, que fut fondé, parce qu »elle forme un amphithéâtre naturel, en 930, l’un des plus vieux, si ce n’est LE plus vieux, parlement du monde et où fut aussi déclaré la République d’Islande, en 1944.

    La gorge de l’Almmanagja (« gorge des anciens ») qui accueillait l’Halting, le premier parlement islandais

    Le temps d’une balade sur le site et nous poursuivons notre route pour Geysir où l’on peut admirer, comme son nom l’indique, des geysers.

    À Geysir, le terrain est parsemé de minuscules mares d’eau bouillonnante et de trous d’où s’échappent des fumeroles.
    Le pôle d’attraction est le Strokkur geysir qui projette toutes les cinq minutes environ une colonne d’eau bouillante haute de vingt mètres. Un malheureux cordon de sécurité forme un cercle de dix mètres de diamètre. Le fragile rempart pourrait sembler ridicule comparé à la hauteur du jet de vapeur et d’eau bouillante, mais personne n’ose s’aventurer dans la zone interdite.

    L’ensemble du phénomène, de l’énorme bulle d’eau turquoise qui se forme avant la projection de la vapeur jusqu’à la disparition de la mare d’eau bouillante qui retourne dans les entrailles de la terre est vraiment impressionnant.

    geysir-david-perrodou

    Malheureusement, le plaisir est de courte durée, gâché par le côté touristique du site avec son camping et son magasin de souvenirs. Dommage.

    Pour finir cette première journée, nous décidons de nous rendre à Gulfoss, une immense chute d’eau (mais pas la plus grande d’Islande) alimentée par l’eau d’un glacier.

    Il n’est pas loin de 22h30 et malgré les nuages, le ciel est encore lumineux. Tous les cars de touristes sont enfin partis et nous sommes quasiment les seuls à assister à ce spectacle complètement dantesque. L’eau qui s’écrase sur les rochers provoque un vombrissement assourdissant et l’immense fracas projette des embruns qui rafraîchissent l’atmosphère.

    Devant un tel spectacle, on est convaincu de notre petitesse et nous imaginons avec effroi notre vulnérabilité si un jour la nature venait à reprendre ses droits avec le réchauffement de la planète.

    Cette première journée se termine enfin vers 1h30 après avoir roulé pendant un bon moment sur une route de cailloux et de pierres perdue dans le désert en pensant rejoindre une région située plus au Sud, alors que nous nous dirigions vers le Nord, zone fortement déconseillée aux voitures.

  • mardi 29 juillet 2008 : l’ascension du volcan Hekla.
    Du haut de ses 1491 mètres, Hekla est le plus connu, le plus actif et le plus redouté des volcans d’Islande. La population locale pensait autrefois que l’entrée des Enfers se trouvait ici. On disait même qu’il était relié à l’Etna. On recense pas moins de 24 éruptions, dont la dernière remonte à 2000.
    Le temps n’a plus rien à voir avec celui d’hier. Le soleil donne de sublimes couleurs aux paysages.

    Le volcan Hekla (à gauche)

    Après avoir roulé pendant près de deux bonnes heures, nous laissons la voiture au pied de « l’entrée des Enfers ».

    Il est midi quand nous entamons l’ascension, jugée assez facile. Nous nous donnons alors trois ou quatre heures pour atteindre le sommet. Équipé de ma genouillère, la première moitié du volcan ne me pose pas trop de problèmes. En fait, par la suite, le parcours que nous avons choisi s’avère plus délicat que prévu avec des pentes de cailloux et de lave tellement meubles que nos pieds glissent par certains endroits. Plus haut, une zone composée de blocs de lave tranchants comme du verre, qui amassés les uns sur les autres, forment par endroits des cavités dans lesquelles il ne faudrait pas se fracturer une jambe. Encore au dessus, une couche de neige rend la pente glissante. Le soleil tape de plus en plus fort et mon T-shirt commence à être complètement trempé de sueur. Nous faisons une courte pause pour nous désaltérer et reprendre notre souffle. J’en profite pour admirer la vue et quelle vue! Les collines et les autres monts des environs semblent minuscules maintenant.

    hekla2-david-perrodou

    Arrivés près d’une crête, nous pensons être enfin arrivés et nous nous apercevons qu’il faut encore marcher car le sommet se trouve encore au-dessus.

    2 h 45 mn après le début de l’ascension, nous arrivons enfin au sommet du volcan. Quelques fumeroles traversent le sol. Tout autour de nous, le panorama est superbe. Comme le veut la « coutume », je ramasse quelques pierres de lave pour les poser sur le cairn constitué par les précédents randonneurs qui sont parvenus jusqu’ici. Il fait chaud, mais un vent glacial me fait penser à retirer mon T-shirt complètement mouillé avant que je ne tombe malade pour la suite du séjour. Allez, je colle la photo, si ça peut faire monter le nombre de visites sur mon blog…

    hekla4-david-perrodou

    Le temps de prendre un petit apéro, petit, vue l’altitude et d’avaler un petit quelque chose tout en admirant le point de vue qui s’offre à nous, c’est déjà le moment de redescendre.

    La descente va être plus facile ? un peu, oui. Mais un peu plus traumatisante pour mon genou surtout. Les pires endroits sont ceux où il faut redescendre les pentes de lave non meubles où je redoute la moindre glissade qui peut réveiller une bonne fois pour toute ma tendinite et ralentir considérablement ma marche. Finalement, il nous aura fallu le même temps pour redescendre que pour l’ascension. Le genou avait tenu bon, bien qu’un peu douloureux, mais devant l’effort que je lui avais demandé, il avait fait du bon travail et il s’en est plutôt bien remis.

  • mercredi 29 juillet 2008 : nous quittons le Golden Circle pour nous diriger vers le Sud-Est de l’Islande en empruntant la route 1 qui fait le tour de l’île.
    Au fil des kilomètres, nous nous arrêtons sur des sites visibles depuis la route, dont deux chutes d’eau : Seljalandsfoss et Skógafoss:

    Seljalandsfoss est une chute d’environ 40 mètres de haut et il me semble que c’est la seule d’Islande où il est possible de passer derrière la colonne d’eau. Aujourd’hui encore, nous avons la chance d’avoir du soleil mais malheureusement la chute se trouve à l’ombre. Dommage, comme à Gulfoss, on ne verra pas d’arc-en-ciel.

    Skógafoss et sa cascade de 60 mètres est nettement plus impressionnante par sa largeur et son débit. Mais elle aussi est assaillie par les cars remplis de touristes. Sur le flanc droit, un escalier en métal permet d’accéder au sommet.

    Nous poursuivons notre voyage sur la route 1 qui longe la côte Sud de l’île en direction de falaises qui, de loin, ressemblent étrangement à celles d’Etretat. Nous sommes au cap de Dyrholaey qui est la pointe la plus méridionale de l’Islande et au sommet duquel domine un phare. Le vent qui souffle vraiment très fort nous dissuade d’aller au bord de la falaise pour observer les macareux qui colonisent les parois rocheuses. De plus, l’herbe est parait-il infestée de tiques. Un épais brouillard cache l’horizon.

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    Après un arrêt à Vick, nous reprenons la route 1 encore vers l’Est sous un ciel nuageux où nous traversons les plaines désertes de Myrdalsandur, composées de lave en forme de coussins et recouverte de mousse.

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    Nous terminons la journée à Kirkjubaejarklaustur (ils doivent cartonner au scrabble, les islandais).

  • jeudi 30 juillet 2008 : randonnée dans le parc national de Skaftafell et ascension du Kristinartindar (1126 mètres).

    Nous nous dirigeons toujours vers l’Est, sous le soleil, vers le parc national de Skaftafell qui se trouve au pied du grand glacier : le Vatnajokull , qui est le plus grand glacier d’Europe, de la taille de la Corse. Par endroits, l’épaisseur du glacier atteint un kilomètre !!!

    Nous nous arrêtons d’abord au pied du glacier, dans la zone où une gigantesque crue glaciaire, provoquée par une éruption en 1996, détruisit tout sur son passage dont deux ponts et des routes. On estime que certains blocs de glace devaient peser près de 2 000 tonnes !!!
    En mémoire de cette catastrophe, une pièce en acier du pont de 376 mètres, pliée comme du papier, trône sur le bord de la route.

    vatnajokul-david-perrodou

    À l’entrée du parc, on trouve un immense camping confortable avec un très intéressant mini musée qui raconte les conditions dans lesquelles se faisaient les premières explorations du glacier.

    Avant de partir pour la randonnée, je n’oublie pas ma précieuse genouillère et nous marchons vers Svartifoss, une cascade incontournable, haute de 20 mètres, mais qui nous semble bien ridicule à côté des précédentes chutes d’eau que nous avons pu croiser sur notre route.

    Christopher, qui a une formation d’archéologue, porte notre attention, comme à Thingvellir, à la formation des couches successives de lave et la création de colonnes de basalte.

    La verdure qui nous entoure n’a rien à voir avec ce que nous avons pu voir jusqu’à maintenant. Au fur et à mesure que nous montons, les arbustes cèdent leur place à des buissons et à une végétation basse. Puis nous entamons l’ascension du Kristinartindar qui domine le parc avec ses 1126 mètres.

    kristinartindar-david-perrodou

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    La dernière portion du pic, en plus d’être raide, est tapissée de cailloux et de pierres qui roulent sous chaque pas. Rien de tel pour travailler les cuisses, mais je sens que mon genou encaissera mal la redescente des 200 mètres qui nous séparent du sommet car la pente est encore plus raide et une chute serait risquée avec le vent glacial qui souffle violemment en rafale. Finalement, en attendant que mes deux comparses terminent l’ascension, j’en profite pour admirer la vue superbe sur le glacier.

    sommet

    Une fois redescendu, nous reprenons la voiture pour le lac de Jokusarlon dans lequel se jette une partie du glacier du Vatnajokull. De gros blocs de glace se détachent pour former des icebergs qui sont emmenés vers la mer. Il est 21 heures passées, le ciel s’est couvert et un épais brouillard entoure l’immense glacier. Il fait terriblement froid. Depuis la rive, on aperçoit des phoques qui nagent entre les immenses vaisseaux de glace dont les différentes faces se colorent de blanc, de bleu ou de noir. C’est en regardant les photos qui semblent bien ternes en comparaison avec la réalité que je me dis qu’il faut absolument que je m’achète un appareil plus performant.

    jokusarlon-david-perrodou

    jokusarlon2-david-perrodou

    Nous sommes jeudi soir et c’est ici que se termine notre périple hors de la civilisation car demain matin nous reprendrons la route 1 vers l’Ouest, rejoindre Reykjavik, où nous devrons nous séparer de ROZ, la charmante demoiselle qui nous a accompagné depuis le début sans trop se plaindre et dont j’avais oublié de vous parler. Mais où avais-je la tête ?!

    roz-david-perrodouROZ

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