Le musée Einar Jónsson

Mis à part Munch, j’avoue que ma culture en matière d’artistes scandinaves (au sens large) est nulle. Voilà une bonne occasion pour visiter le musée Einar Jónsson de Reykjavik.

Einar Jónsson est le sculpteur islandais le plus connu et le plus populaire de la première moitié du XXème siècle. Il s’est beaucoup inspiré de la mythologie scandinave, grecque et de la religion chrétienne.

Son musée, qui lui servit aussi de garçonnière, a été non seulement le premier musée crée en Islande, mais aussi le premier édifice construit sur la colline de Reykjavik. C’est hallucinant de voir le bâtiment en béton trôner au milieu de nulle part sur les photos d’archive et on comprend aisément que le quartier s’est construit progressivement tout autour. Le musée a ouvert officiellement ses portes en 1923.

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Pour accéder au musée, il faut faire le tour du bâtiment qui, il faut bien l’avouer, est assez lugubre, avec ses grandes fenêtres sans rideau et sa porte en bois massif. On passe alors par un jardin clos par une grille métallique et qui semble « gardé » par des bronzes de l’artiste.

J’ai le sentiment de déambuler dans un cimetière complètement désert où chaque statue posée sur son piédestal ressemble à une sépulture. L’ambiance est vraiment gothique. D’ailleurs des cadavres de canettes de bière et des sacs plastiques sous des buissons montrent que cet endroit sert de lieu de rassemblement la nuit à des jeunes en mal de sensations fortes. Une carabine à air comprimé gisait même au pied d’une des statues.

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islande 344The birth of Psyche, où l’on reconnaît la jeune femme qui est délivrée d’un bloc de pierre par un vieil homme à l’aide d’une massette et d’un burin (un lien avec la création, l’artiste ?). Eros (cupidon) la serre dans ses bras.

islande 345Spring Oui, c’est bien une femme qui sort d’un crâne ouvert en deux par un ange.

Il n’y a pas un bruit. Les femmes représentées dans le bronze me semblent fantomatiques jusqu’au moment où des visiteurs commencent à arriver. En les regardant circuler d’un pas nonchalant parmi les sculptures, je pense à des fantômes errant parmi des tombes. Finalement les statues semblent bien plus réelles.

Il est midi passé et le musée n’ouvre qu’à 13h30. Autant en profiter pour visiter le musée d’histoire naturelle islandais, moderne, très bien fait, qui raconte l’histoire de l’Islande depuis l’arrivée des premiers colons jusqu’à nos jours. Très intéressant, idéal pour une sortie scolaire, mais à l’intérieur, on ne peut pas faire de photos ! GRRR !!!

Il est 16h25 quand nous retournons au musée Jónsson. Le guichetier nous dit que pour le temps qu’il reste, il ne nous fait pas payer. Cool !

Nous entrons dans la première pièce du rez-de-chaussé. Les sculptures sont en plâtre et sont nettement plus imposantes que celles du jardin. L’une d’entre elle attire particulièrement mon attention. Elle représente le visage d’un homme (ou celui d’une vieille femme) dont les yeux sont écarquillés de force par un petit personnage (une personnification de la conscience ?) pendant qu’un autre semble lui souffler quelque chose à l’oreille.

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Saisissante par sa violence, elle semble renfermer un message ou une énigme, comme ses autres œuvres d’ailleurs. Malheureusement, pour comprendre chacune d’elle, il faut très souvent connaître les références mythologiques, bibliques ou philosophiques auxquelles elle se rapporte.

Il en va de même pour la pièce suivante dans laquelle nous retrouvons les versions monumentales, en plâtre, des bronzes vus dans le jardin. La femme, la mort, la naissance, le temps, les dieux de la mythologie sont les thèmes de prédilection du sculpteur. Dans cette même pièce aménagée comme une chapelle funéraire, on trouve des toiles peintes par l’artiste. Dans une autre, sont exposées des maquettes en plâtre du musée.

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On accède ensuite au premier étage par un escalier en colimaçon tout en marbre. Jónsson avait un certain goût pour le choix des matériaux.

Alors que le rez de chaussé comprend plusieurs petites pièces accessibles au public, le second étage semble n’en compter qu’une seule, tapissée de bleu. J’aime ce mariage de bleu, de blanc et de noir.

Si on reprend l’escalier pour monter au second étage, on arrive aux appartements du sculpteur, dédiés à la détente.

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Il est temps de redescendre, dans moins de cinq minutes le musée fermera ses portes et la nuit tombée (pourtant très courte l’été, en Islande), d’autres visiteurs prendront peut-être possession du jardin pour siroter quelques bières en compagnie des gardiens de bronze tout en tirant à la carabine.

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