Le poids des mots

Le poids d’une barre ou d’un haltère n’est jamais le même pour faire un nombre déterminé de répétitions, puisqu’il varie selon l’état de fatigue musculaire. Je m’explique : si mon 1RM est de 100 kilos au couché et que je veux faire une série me permettant de ne faire que 3 répétitions (après m’être échauffé bien sûr), je sais que je vais devoir charger ma barre à environ 90 kilos. Si je suis à la fin d’une séance intensive et que je souhaite faire la même série avec le même nombre de reps, je ne choisirai plus 90 kilos mais 85, voire 80 si la fatigue musculaire est très importante.

Pourquoi une telle lapalissade (un peu tirée par les cheveux) comme introduction me direz vous ?

Parce qu’hier soir, alors que j’étais en train de suer sang et eau depuis vingt bonnes minutes sur un vélo stationnaire, le niveau de difficulté réglé presqu’au maximum, le propriétaire de la salle de remise en forme m’a abordé en me disant : « ah, tu fais les cuisses ce soir ? » Et là, j’ai dû répondre un truc du genre: « ouimmbfenfinbahspludlentretien… »
Bon, il est vrai qu’à ce moment de l’exercice, mon cerveau n’était plus vraiment irrigué depuis un certain temps, le sang se trouvant surtout dans les membres inférieurs, mais en baragouinant ce semblant de réponse, je venais de prendre conscience que selon les exercices pratiqués ou le type d’entraînement (par type d’entraînement, j’entends « type culturiste » ou « type Force athlétique »), les mots, comme les barres, n’ont pas le même poids et peuvent être perçus ou utilisés différemment.

C’est l’expression « faire les cuisses » qui m’avait gêné. Gêné pour deux choses :

  • Dans le milieu culturiste ou du fitness on « fait les cuisses ». Mais en Force athlétique, on « fait des squats ». Nuance : dans l’un, l’objectif est de développer des quadriceps, des ischios saillants; dans l’autre, il s’agit de soulever plus lourd, d’accroître sa force. De même, en Bodybuilding, on fait les pecs et le dos; en Powerlifting on fait du couché et du soulevé de terre. Si on fait le dos ou les bras, on parle en fait des exercices d’assistance.
  • Cela fait près de trois mois que j’ai arrêté les squats à cause de ma tendinite. À la place, je fais de la presse horizontale sans trop charger (bon, il y avait quand même 130 kilos ce soir-là). Cela permet d’entretenir un minimum de force, de conserver du tonus musculaire et de renforcer les ligaments et les tendons mais pas « de faire des cuisses ». Sans squat, pas de cuisses. Enfin, ça, c’est ma conception « de faire des cuisses ».

    Autre exemple : parfois, on me demande si je fais de la musculation. De la musculation ? Et pourquoi pas du tricot ?! Non, pour moi, la musculation c’est la paire d’haltères de 10 kilos ou le banc multifonctions acheté chez Décathlon. Je fais de la force athlétique ! En plus, je déteste le mot « musculation » : ça me fait penser à « masturbation »…

    Pour finir, je ne me considère pas encore comme un powerlifter. Je préfère dire que je pratique la Force athlétique. Le jour où je dépasserai un total de 550 ou 600 kilos, là oui, je commencerai à dire que je suis powerlifter (maybe someday i will…be a powerlifter).

    Pesez vos mots, donc.

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