Pourquoi la Force athlétique est-elle si peu médiatisée en France ?

C’est vrai, quoi ! La question me taraudait pendant que je déballais mes cadeaux de Noël. Les grandes manifestations de football, de tennis, de rugby, de course automobile ou de cyclisme sont régulièrement couvertes par les médias avec la télévision et les retransmissions en direct, les journaux télévisés, les publicités, la radio ou la presse écrite.

Plus un sport est pratiqué, plus il a de chances d’être médiatisé. C’est évident. Aussi, plus la couverture médiatique d’un sport est grande, plus elle va attirer de licenciés dans les clubs.

Alors, la question est légitime : pourquoi le Powerlifting est-il si peu médiatisé en France ? Bien sûr, les pratiquants des autres disciplines aimeraient aussi voir leur sport et leurs efforts reconnus, mais bon, comme on dit, chacun voit midi à sa porte. Voici mes pistes :

  • Parce que la Force athlétique n’est pas un sport divertissant ? Le foot ou le tennis ont, avant toute chose, un côté ludique et soulever des charges lourdes est collectivement perçu comme une corvée. Cela pourrait expliquer l’absence de la Force athlétique dans les médias. Mais le cyclisme ? C’est loin d’être une partie de plaisir le cyclisme, comme le marathon ou le triathlon. Et pourtant, chaque été, le Tour de France est un événement incontournable à la télévision et dans la presse écrite. Alors, si les efforts et la douleur endurés par les athlètes intéressent aussi le public et les médias, pourquoi pas la Force athlétique, qui exige également des efforts, de la souffrance ?

    Oui mais si on revient au triathlon et au marathon, synonymes de dépassement de soi, ils ne sont pas aussi médiatisés que la Grande Boucle, hormis le Marathon de Paris qui est tous les ans suivis par les caméras de France télévision (peut-être plus pour très longtemps, avec l’arrêt de la pub) et relayé par les journaux télévisés. C’est court, mais au moins c’est régulier.

    Peut-être alors parce que la France n’est pas organisatrice d’une compétition internationale (et annuelle) de powerlifting ? Le point commun entre le Tour de France, le Marathon de Paris, le Grand Prix de France de Formule 1 ou Roland Garros, c’est que ces quatre événements sont devenus des « monuments » prestigieux du sport, de renommée internationale, qui mettent en avant la géographie et l’attrait touristique de l’hexagone (les vues aériennes des quatre coins de la France lors du Tour), la capitale (l’arrivée sur les Champs-Elysées, le marathon, Roland Garros) et un stade portant le nom d’un pionnier de l’aviation (un français !!!), bref, de bien belles vitrines pour la France qui lui permettent de briller pendant un temps sur la scène internationale. C’est peut-être à la FFHMFAC d’y réfléchir…

  • Parce que tout comme l’haltérophilie, la Force athlétique est associée au dopage. Le dopage touche malheureusement tous les sports. Les tricheurs sont évincés lors des contrôles. Pourquoi les perfs réalisées dans les sports de force par des athlètes négatifs aux contrôles seraient-elles moins crédibles que celles réalisées dans les autres sports ( certaines sont d’ailleurs douteuses, mais je ne citerai pas de noms) ? C’est aux athlètes aussi de prendre leurs responsabilités … et au Comité Internationale Olympique de revenir sur sa décision du 19 décembre (adressée au président de la Fédération Internationale de Powerlifting) de ne pas faire du Powerlifting une discipline olympique.
  • Parce que pour organiser une manifestation internationale, ou nationale, il faut des moyens. Et pour avoir des moyens, il faut des subventions du ministère de la jeunesse et des sports (qui sont versées aux fédérations selon le nombre de licenciés) et des sponsors. Or, pour attirer les licenciés et les sponsors il faut un minimum de médiatisation. On y revient toujours. Et comme il n’y a pas assez d’argent pour organiser une manifestation internationale dans le but d’attirer les médias (et aussi des sponsors), ben le serpent se mord rapidement la queue.
  • Parce que la France s’inscrit de moins en moins dans la culture des poids et haltères. Enfin, c’est mon avis et mon coup de gueule. Telle l’avancée du Sahara, les espaces réservés aux appareils de fitness empiètent sur ceux dédiés aux poids et haltères. Pour les gérants de salles, préférer les plates-formes vibrantes à une bonne barre olympique, c’est attirer une clientèle désireuse de « faire du sport » sans trop d’efforts et réduire l’emploi jugé coûteux du personnel d’encadrement en interdisant la pratique du squat ou du soulevé de terre et en proposant à la place des machines guidées. Combien de d’adhérents de salle de remise en forme ont entendu parler de Force athlétique ? Alors, dans ces conditions, comment voulez-vous que le powerlifting se démocratise ?
  • La force athlétique est un sport particulier, qui ne s’adresse pas aux enfants car elle demande une maturation osseuse, ligamentaire et tendineuse contrairement à la natation, au judo ou au rugby. De plus, elle traîne derrière elle cette image de sport élitiste, réservé aux personnes musclées en très bonne santé et surtout, comme pour l’haltérophilie, les idées reçues et l’ombre du dopage sont toujours là.
  • La Force est également un sport particulier qui touche l’égo de beaucoup de pratiquants. Combien d’adeptes du couché n’osent faire de compétition de peur de ne pas être sur la première marche du podium ou de se sentir ridicule parce qu’il ne réalisent pas les perfs des grands champions ?
  • Parce que les champions et athlètes français restent transparents : De nos jours, il n’y a pas que la télé et la presse écrite : le buzz se fait par le net. Et là, nos plus grands champions ou athlètes ayant un blog ou un site se comptent sur les doigts de la main. Merde les gars (et les nanas) ! Montrez que vous savez écrire et vous servir d’un ordinateur !
  • La Force athlétique est une discipline relativement jeune qui est apparue à la fin des années 60 aux Etats-Unis et quelques années plus tard en France et qui compte de plus en plus de licenciés. Peut-être d’ici quelques années…?.
  • Bon et puis, est-il souhaitable que le powerlifting finisse pourri par l’argent à cause de son exposition médiatique ? Et pour le moment, heureusement, il reste internet … et un cadeau à déballer !

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